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Schéma du développement durable : comprendre, analyser et agir

Introduction


Depuis sa définition en 1987 par le rapport Brundtland, le développement durable s’impose comme un enjeu global pour les sociétés modernes. Défini comme « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs », il est aujourd’hui au cœur des stratégies publiques, académiques et privées. Pour rendre ce concept plus lisible, un outil est devenu incontournable : le schéma du développement durable.

Représenté sous forme de diagrammes, de plans stratégiques ou de schémas directeurs, il permet de traduire une notion complexe en axes opérationnels. Des collectivités locales aux universités en passant par certaines entreprises privées, ces schémas jouent un rôle central pour structurer des démarches responsables, évaluer des impacts et orienter les choix politiques ou économiques.

Ce schéma est bien plus qu’un support graphique : il agit comme un levier de transformation, capable d’inspirer autant les décideurs publics que les acteurs privés. Il s’appuie sur une base scientifique et institutionnelle solide, notamment les Objectifs de Développement Durable (ODD) adoptés par l’ONU en 2015. Les schémas du développement durable permettent ainsi d’opérationnaliser les 17 objectifs à travers des plans locaux ou organisationnels.

Ils servent également de pont pédagogique entre la théorie et la pratique : un outil accessible qui rend intelligibles des enjeux systémiques complexes comme le changement climatique, la biodiversité ou l’équité sociale. Dans un monde où la transition écologique et sociale devient urgente, ces schémas constituent un langage commun qui facilite le dialogue entre chercheurs, élus, entreprises et citoyens.

Enfin, ils offrent un cadre d’action flexible : chaque acteur peut l’adapter à ses réalités, qu’il s’agisse d’une commune insulaire, d’une université ou d’une PME. C’est cette diversité d’applications, allant du local au global, qui fait du schéma du développement durable une boussole incontournable pour les années à venir.

Cet article propose une analyse complète du schéma du développement durable : ses origines, ses représentations (3, 4 ou 7 piliers, 17 ODD), ses déclinaisons concrètes, mais aussi ses limites et perspectives.



1. Comprendre le schéma du développement durable


1.1 Origine et définition


Le concept de développement durable a émergé dans les années 1980 avec le rapport Brundtland, puis s’est renforcé lors du Sommet de la Terre à Rio en 1992. L’idée principale : concilier progrès économique, justice sociale et préservation de l’environnement.

Le schéma du développement durable a été conçu pour vulgariser cette approche et faciliter la mise en œuvre de stratégies globales. L’un des plus connus est le diagramme de Venn, représentant trois cercles (économie, environnement, social) qui se chevauchent.


1.2 Utilité d’un schéma


Un schéma n’est pas un simple outil graphique, mais un cadre stratégique. Il permet :

  • De rendre accessibles des enjeux complexes : les notions de transition énergétique, d’équité ou de biodiversité deviennent plus compréhensibles lorsqu’elles sont représentées de manière synthétique.

  • De faciliter la communication entre décideurs, citoyens et organisations : chacun peut s’appuyer sur une représentation partagée pour dialoguer, ce qui réduit les incompréhensions.

  • D’identifier des priorités d’action et des indicateurs : un schéma peut servir à hiérarchiser les urgences, par exemple privilégier la sobriété énergétique avant l’innovation technologique.

  • De mobiliser les parties prenantes autour d’un langage commun : les schémas favorisent la participation, car ils offrent un socle clair pour débattre et agir collectivement.

Ainsi, il constitue à la fois un outil pédagogique, un instrument de gouvernance et un guide opérationnel.


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2. Les représentations classiques : piliers et composantes


2.1 Quelles sont les 3 composantes du développement durable ?


Les trois composantes fondatrices sont :

  • Économique : assurer la croissance et la viabilité des activités. Cela inclut la création d’emplois durables, l’innovation responsable et la gestion efficace des ressources financières.

  • Social : promouvoir l’équité, la solidarité et l’inclusion. Cela recouvre des enjeux tels que la lutte contre les inégalités, l’accès à l’éducation, la santé et la protection des droits humains.

  • Environnemental : préserver les ressources et les écosystèmes. Cela signifie réduire la pollution, limiter les émissions de gaz à effet de serre et restaurer la biodiversité.

Ce triptyque, très utilisé dans l’enseignement, est une base simple mais souvent critiquée pour son manque de nuances. Dans une étude publiée par ScienceDirect (2021), plusieurs chercheurs soulignent que cette approche tend à cloisonner les dimensions alors qu’elles sont interdépendantes.


2.2 Quels sont les 4 piliers du développement durable ?


À ces trois composantes, certains schémas ajoutent un quatrième élément : la gouvernance. Il désigne la capacité des institutions à prendre des décisions transparentes, inclusives et responsables.

Exemple : la Communauté de communes de l’Île de Ré a construit son Schéma de développement durable (2020) en intégrant la gouvernance citoyenne par un comité consultatif composé d’élus, d’associations et d’habitants tirés au sort. Ce quatrième pilier permet de légitimer les actions et de garantir leur suivi.


2.3 Quels sont les 7 piliers du développement durable ?


Certaines approches institutionnelles et académiques élargissent encore la vision en identifiant 7 piliers :

  1. Économie : soutenir une activité économique viable, innovante et créatrice d’emplois.

  2. Social : promouvoir la justice sociale et la réduction des inégalités.

  3. Environnement : réduire l’impact écologique et préserver les ressources naturelles.

  4. Gouvernance : favoriser des institutions inclusives et transparentes.

  5. Territorialité : prendre en compte les spécificités locales et l’aménagement équilibré des territoires.

  6. Culture : préserver et valoriser les patrimoines matériels et immatériels.

  7. Innovation : encourager la recherche et les technologies pour répondre aux défis globaux.

Ce modèle est utilisé dans plusieurs schémas directeurs universitaires en France. Par exemple, l’Université Clermont Auvergne (2025-2030) a structuré sa stratégie autour d’axes économiques, environnementaux, culturels et d’innovation pour transformer ses campus.


2.4 Quels sont les 17 critères (ODD) du développement durable ?


Adoptés par l’ONU en 2015, les Objectifs de Développement Durable (ODD) constituent une feuille de route universelle. Parmi eux :

  • ODD 1 : Éradication de la pauvreté – garantir un accès minimal aux ressources vitales.

  • ODD 5 : Égalité des genres – assurer la parité et lutter contre toutes les formes de discrimination.

  • ODD 7 : Accès à une énergie propre – développer les énergies renouvelables et réduire la dépendance aux fossiles.

  • ODD 13 : Lutte contre le changement climatique – réduire drastiquement les émissions de CO₂.

  • ODD 14 : Vie aquatique – préserver les océans et réduire la pollution plastique.

  • ODD 15 : Vie terrestre – protéger les forêts et restaurer les écosystèmes dégradés.

Ces 17 ODD visent une approche holistique, chiffrée et suivie par des indicateurs précis. Cependant, comme le rappelle le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), leur caractère non contraignant laisse à chaque État ou organisation le choix de leur application, ce qui explique la lenteur des progrès globaux.


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3. Études de cas et déclinaisons concrètes


3.1 Le schéma territorial : l’exemple de l’Île de Ré


En 2020, l’Île de Ré a élaboré un Schéma de Développement Durable structuré autour de 15 enjeux prioritaires : mobilité douce, réduction des émissions de gaz à effet de serre, biodiversité, circuits courts, logement social.

Un comité consultatif citoyen a été mis en place, regroupant 25 habitants tirés au sort, des élus et des associations locales. L’objectif est d’inscrire chaque décision (urbanisme, tourisme, culture) dans une démarche durable.


3.2 Le schéma institutionnel : enseignement supérieur et recherche


Le MESR (Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche) a défini un Schéma Directeur Développement Durable & RSE (SD-DD&RSE) pour les universités.

Il repose sur 3 principes :

  • Pilotage au plus haut niveau : il doit être adopté en conseil d’administration et engager la direction, garantissant une cohérence de l’ensemble des politiques.

  • Gouvernance transversale : il inclut la participation des étudiants, enseignants et personnels administratifs afin de refléter toutes les parties prenantes.

  • Alignement avec les référentiels : il s’appuie sur le label DD&RS et l’Agenda 2030 pour assurer une compatibilité internationale.

Ce schéma est un levier de transformation institutionnelle, visant la sobriété énergétique, l’inclusion et la biodiversité.


3.3 Exemple universitaire : Sorbonne Université


La Sorbonne Université a structuré son schéma autour de 4 axes stratégiques :

  1. Formation : intégrer la durabilité dans tous les cursus afin de sensibiliser les étudiants à ces enjeux.

  2. Recherche : encourager des projets transdisciplinaires liés aux ODD, notamment sur le climat et la biodiversité.

  3. Campus : réduire la consommation énergétique, améliorer la gestion des déchets et développer la biodiversité locale.

  4. Gouvernance : impliquer étudiants et personnels dans des instances décisionnelles et garantir l’éthique.

Ce modèle illustre comment un établissement académique peut articuler les ODD avec ses missions de service public.


3.4 Exemple en entreprise privée : Fairspace


Fairspace, entreprise française de taille moyenne, spécialisée dans l’aménagement de bureaux durables, illustre comment le secteur privé peut formaliser une stratégie.

  • Réemploi du mobilier : plus de 60 % du mobilier utilisé dans ses projets provient du réemploi, ce qui réduit fortement l’empreinte carbone liée à la production neuve.

  • Bilan carbone par projet : chaque aménagement est accompagné d’un calcul d’impact carbone, permettant d’objectiver les résultats et d’ajuster les choix.

  • Engagement ESS : en tant qu’acteur de l’économie sociale et solidaire, Fairspace privilégie les circuits courts, les matériaux locaux et une gouvernance centrée sur l’impact social et environnemental.

Fairspace montre que même une PME peut traduire le développement durable en actions concrètes et mesurables.



4. Limites et perspectives du schéma du développement durable


Malgré leur utilité, les schémas du développement durable présentent plusieurs limites :

  • Simplification excessive : le diagramme des trois cercles peut donner l’illusion d’une indépendance des piliers, alors qu’ils s’influencent mutuellement (par exemple, une politique économique a toujours des effets sociaux et environnementaux).

  • Usage cosmétique : certaines organisations s’en servent pour communiquer sans agir réellement. C’est le phénomène de greenwashing, dénoncé dans de nombreux rapports institutionnels.

  • Absence de contrainte : les ODD ne sont pas juridiquement contraignants. Leur adoption repose sur la volonté des États et organisations, ce qui crée de fortes disparités dans leur application. Certains pays en font une priorité nationale, d’autres se contentent de mentions symboliques.


Perspectives

  • Vers des représentations plus systémiques : de nouveaux modèles intègrent les limites planétaires définies par Rockström et al. (2009), qui mettent en avant des seuils écologiques à ne pas dépasser.

  • Développement d’indicateurs ESG : les critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance deviennent incontournables pour les entreprises, notamment sous la pression de la directive européenne CSRD.

  • Rôle accru des citoyens et des salariés : de plus en plus de collectivités et d’entreprises ouvrent la co-construction de leur schéma durable à leurs parties prenantes, renforçant ainsi leur légitimité et leur efficacité.


Conclusion


Le schéma du développement durable est bien plus qu’un simple diagramme : c’est un outil stratégique et pédagogique qui permet de passer du concept théorique à des actions concrètes. Qu’il soit utilisé par une collectivité, une université ou une entreprise, il offre une grille de lecture et de décision indispensable pour transformer nos modèles économiques et sociaux.

Il incarne la volonté d’articuler théorie et pratique, en traduisant des principes universels en démarches opérationnelles. Sa valeur réside aussi dans sa capacité à fédérer différents acteurs autour d’un langage commun et accessible.

Cependant, l’absence de contrainte internationale sur les ODD limite encore son impact global. Les progrès varient d’un pays à l’autre et d’un secteur à l’autre, ce qui souligne l’urgence de renforcer les dispositifs incitatifs et réglementaires.

L’avenir du schéma du développement durable réside dans sa capacité à évoluer : intégrer les limites planétaires, s’appuyer sur les indicateurs ESG et développer des démarches participatives. C’est ainsi qu’il pourra devenir un véritable moteur de changement collectif.

Dans un monde confronté à l’urgence climatique, à l’épuisement des ressources et aux inégalités sociales, il reste un outil clé pour penser autrement nos sociétés. Mais sa réussite dépendra de notre capacité à en faire un cadre d’action concret plutôt qu’un simple exercice de communication.

🌳​ Et vous, comment pourriez-vous intégrer un schéma durable dans votre organisation pour en faire un moteur de transformation au quotidien ?



Questions fréquentes


Quels sont les 4 piliers du développement durable ?

Les 4 piliers sont l’économie, le social, l’environnement et la gouvernance. Ce dernier permet d’assurer la transparence et la participation citoyenne.


Quelles sont les 3 composantes du développement durable ?

Les 3 composantes classiques sont : l’économie, le social et l’environnement. Elles constituent le socle fondateur, même si elles sont parfois jugées trop simplifiées.


Quels sont les 7 piliers du développement durable ?

Ils sont : économie, social, environnement, gouvernance, territorialité, culture et innovation. Cette approche élargie permet d’intégrer les spécificités locales et culturelles.


Quels sont les 17 critères du développement durable ?

Ils correspondent aux 17 Objectifs de Développement Durable de l’ONU, adoptés en 2015, allant de la lutte contre la pauvreté à l’action climatique, en passant par l’égalité des genres et la protection des écosystèmes.


Sources

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