Comprendre la charte RSE : les clés pour bien débuter
- lesliethiercelin
- 23 sept.
- 7 min de lecture
Introduction
Dans un monde en pleine mutation, marqué par des crises environnementales, des tensions sociales et une évolution rapide des attentes sociétales, la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) s’impose comme un pilier incontournable de la stratégie d’entreprise. Les consommateurs, les investisseurs, les collaborateurs et même les pouvoirs publics demandent désormais aux organisations de s’engager activement dans des démarches responsables, transparentes et mesurables.
Dans ce contexte, la charte RSE joue un rôle déterminant : plus qu’un simple document, elle agit comme une véritable boussole éthique, capable d’orienter les décisions stratégiques et opérationnelles au quotidien. Elle formalise, de manière claire et accessible, les valeurs fondamentales, les engagements et les objectifs concrets que l’entreprise se fixe pour contribuer positivement à la société et à l’environnement.
Cet article a pour ambition de vous guider pas à pas dans la compréhension et la construction d’une charte RSE efficace. Nous aborderons les fondements essentiels de la RSE, la définition et les spécificités de la charte, les raisons stratégiques de son adoption, ainsi que les étapes pratiques pour sa rédaction. Vous découvrirez également un modèle prêt à l’emploi, des exemples inspirants et des bonnes pratiques issues d’expériences réelles. Que vous soyez une PME en pleine structuration ou un grand groupe cherchant à renforcer son impact, ce guide vous donnera les clés pour faire de votre charte RSE un outil puissant et crédible.
1. Rappels sur la RSE
1.1. Les 7 thématiques centrales (ISO 26000)
La norme ISO 26000 structure la RSE autour de sept domaines essentiels : gouvernance, droits de l’homme, pratiques de travail, environnement, loyauté des pratiques, questions relatives aux consommateurs et implication dans la communauté et le développement local. Ce cadre offre une vision équilibrée et complète pour structurer une démarche responsable de manière cohérente .
1.2. Les 3 piliers de la RSE
Économique : garantir la pérennité financière tout en créant de la valeur à long terme.
Social : promouvoir l’inclusion, le bien-être des collaborateurs et l’égalité.
Environnemental : réduire l’impact écologique grâce à des actions concrètes.
Ces piliers forment la colonne vertébrale d’une RSE efficace et intégrée à la stratégie globale.

2. C’est quoi une charte RSE ?
2.1. Définition
La charte RSE est un document formel qui énonce les engagements sociaux, environnementaux et éthiques d’une organisation. Elle se distingue :
de la politique RSE, souvent plus détaillée et opérationnelle ;
du rapport RSE, orienté vers le reporting des résultats.
2.2. Un instrument stratégique et opérationnel
La charte sert de boussole pour les décisions quotidiennes (achats responsables, innovation, communication) et incarne un engagement moral envers les parties prenantes. Elle renforce la cohésion interne et la crédibilité externe de l’entreprise.
3. Pourquoi adopter une charte RSE ?
Engagement des collaborateurs : les entreprises investies en RSE constatent une productivité et une fidélisation du personnel accrues. Par exemple, des employés engagés sont jusqu’à 38 % plus productifs, et les entreprises axées sur la culture connaissent un turn-over de 13,9 % contre 48,4 % pour les autres.
Réputation et confiance : la RSE améliore la réputation et la satisfaction des parties prenantes, ce qui contribue à la performance globale.
Performance financière : une revue de 53 études montre que les meilleures pratiques ESG sont corrélées à une amélioration de la performance financière.
Résilience en période de crise : des entreprises ayant investi en RSE ont montré une stabilité de cours de bourse supérieure lors de la pandémie de Covid, signe d’une meilleure résilience.
4. Comment rédiger une charte RSE ?
Rédiger une charte RSE efficace demande une démarche structurée, à la fois stratégique et opérationnelle. Elle doit être fondée sur des données concrètes, un dialogue inclusif et une vision claire des priorités. Voici les étapes clés détaillées.
4.1. Définir les valeurs et l’ADN de l’entreprise
La première étape consiste à s’assurer que la charte soit alignée sur la raison d’être, la vision et la mission de l’entreprise. Selon une étude publiée dans Sustainability (MDPI, 2024), les entreprises dont la stratégie RSE est cohérente avec leur identité affichent une amélioration de 12 % de leur engagement interne par rapport à celles qui adoptent une approche déconnectée.
Exemples : une entreprise du secteur agroalimentaire pourra mettre l’accent sur la sécurité alimentaire et la réduction du gaspillage, tandis qu’une entreprise du numérique se concentrera sur la sobriété énergétique des infrastructures et l’accessibilité numérique.

4.2. Identifier et consulter les parties prenantes
Une charte RSE efficace doit refléter les attentes des personnes et organisations directement ou indirectement concernées par les activités de l’entreprise : collaborateurs, clients, fournisseurs, ONG, collectivités locales, investisseurs, etc.
Des enquêtes internes, ateliers collaboratifs et entretiens permettent de collecter des attentes précises. Selon une recherche de l’Université de Coventry (Shrestha, 2022), l’intégration active des parties prenantes augmente la pertinence perçue des engagements RSE de 27 % et réduit le risque de “greenwashing” grâce à une meilleure transparence.
4.3. Réaliser un diagnostic RSE approfondi
Un diagnostic de départ permet d’identifier les points forts, les zones de risque et les leviers d’action.
Les outils les plus utilisés incluent :
Bilan carbone (émissions directes et indirectes)
Analyse de cycle de vie (ACV) des produits
Global Biodiversity Score (impact sur la biodiversité)
Indicateurs sociaux (taux d’égalité salariale, accidents du travail, satisfaction des employés)
Une étude de Journal of Cleaner Production (2017) a montré que les entreprises ayant intégré un diagnostic ACV dans leur stratégie RSE ont réduit de 15 à 25 % leurs impacts environnementaux sur cinq ans.
4.4. Formuler des engagements SMART
Les objectifs doivent être :
Spécifiques : clairement définis et non génériques
Mesurables : suivis par des indicateurs chiffrés
Atteignables : réalistes selon les moyens disponibles
Réalistes : adaptés au contexte et au marché
Temporels : avec des échéances précises
Par exemple : “Réduire de 30 % les émissions de CO₂ liées au transport d’ici 2027” est plus engageant et évaluable qu’un vague “Réduire notre empreinte carbone”. Les recherches de l’Université de Harvard (Porter & Kramer, 2011) montrent que les objectifs clairs augmentent de 46 % la probabilité que les actions RSE produisent un impact mesurable.

4.5. Rédiger avec un langage simple, inclusif et engageant
Le document doit être compréhensible par tous, qu’il s’agisse d’un collaborateur, d’un fournisseur ou d’un client. Éviter le jargon technique excessif et privilégier un vocabulaire concret permet de rendre intelligible le document pour plus d'adhésion. Des formulations inclusives (“nous nous engageons à…”) renforcent, quant à elles, l’adhésion interne. Selon une analyse du Journal of Business Ethics (2022), une charte rédigée dans un style accessible obtient 21 % de taux d’appropriation en plus parmi les équipes opérationnelles.
4.6. Valider et diffuser la charte
Une fois finalisée, la charte doit être validée au plus haut niveau (direction générale, conseil d’administration). Cette validation confère une légitimité et un caractère officiel au document.
La diffusion doit être double :
Interne : via intranet, blog, réunions d’équipe, formations spécifiques.
Externe : sur le site web, réseaux sociaux, supports commerciaux, et pourquoi pas via un communiqué de presse.
D’après une étude KPMG (2022), les entreprises publiant largement leur charte RSE bénéficient en moyenne de 18 % de notoriété supplémentaire auprès des consommateurs sensibles aux critères ESG.
4.7. Mettre en place un suivi et des mises à jour régulières
Une charte RSE n’est pas figée. Elle doit évoluer en fonction des progrès réalisés, des évolutions législatives et des nouveaux enjeux.
Mettre en place :
Des indicateurs clés (KPI) : émissions CO₂, pourcentage de matériaux recyclés, taux de satisfaction interne.
Un reporting annuel : pour suivre l’évolution des engagements et ajuster les actions.
Des revues périodiques (tous les 2 à 3 ans) pour intégrer de nouveaux objectifs.
Selon un rapport de l’Université de Stanford (2020), les entreprises mettant à jour leur charte tous les deux ans obtiennent une progression 30 % plus rapide dans leurs indicateurs RSE que celles qui ne la révisent qu’occasionnellement.
5. Bonnes pratiques & exemples inspirants
5.1. Études de cas
Silvadec est une PME française spécialisée dans le bois composite (terrasses, bardages, clôtures) basée à Arzal, dans le Morbihan. Elle publie un rapport RSE 2024 qui décrit ses engagements concrets, notamment sa vision de devenir un leader européen du bois composite bas carbone. En octobre 2024, Silvadec a obtenu la médaille d’or EcoVadis, la plaçant dans le top 5 % des entreprises évaluées mondialement en termes de performance RSE (environnement, droits humains, éthique, achats responsables).
Décathlon publie régulièrement sa Déclaration de Performance Extra-Financière (DPEF), qui traite de ses actions ESG (environnement, social, gouvernance), de ses objectifs et de ses avancées. Dans son rapport ESG le plus récent, Décathlon indique une réduction de – 2,8 % des émissions absolues de CO₂ en un an (par rapport à 2023), soit – 13,2 % par rapport à 2021, même avec une progression du chiffre d’affaires. Il est aussi mentionné que 48,5 % du chiffre d’affaires provient de produits éco-conçus en 2024, contre 38,8 % en 2023, ce qui montre une montée en puissance concrète de l’éco-conception.
5.2. Écueils à éviter
Charte trop abstraite, sans indicateurs chiffrés.
Absence d’appropriation par les équipes (manque de diffusion ou de formation).
Non mise à jour, déconnexion entre la charte et les actions réelles.
Conclusion
La charte RSE n’est pas un simple document, mais bien le socle d’une transformation durable. Lorsqu’elle est élaborée avec rigueur, fondée sur un diagnostic pertinent et enrichie du dialogue avec les parties prenantes, elle devient un outil de pilotage stratégique, favorisant l’engagement interne, la confiance externe et la performance responsable sur le long terme. Elle incarne une démarche d’amélioration continue : suivi des indicateurs, ajustements, adaptation aux évolutions du contexte économique, réglementaire ou sociétal. Plus qu’un vecteur d’intégrité, votre charte RSE devient un levier d’innovation et de résilience dans un monde en constante évolution.
⚡Et si, au-delà de l’impact interne, votre charte RSE pouvait inspirer d’autres organisations à agir pour un avenir durable ?
Questions fréquentes
C’est quoi la charte RSE ?
Document formel établissant les engagements sociaux, environnementaux et éthiques d’une organisation, distinct d’une politique ou d’un rapport RSE.
Quels sont les 7 thématiques de la RSE (ISO 26000) ?
Gouvernance, droits de l’homme, pratiques de travail, environnement, loyauté des pratiques, questions consommateurs, communauté & développement local.
Quels sont les 3 piliers de la RSE ?
Dimension économique, sociale et environnementale, assurant la durabilité de la démarche.
Comment rédiger une charte RSE ?
Suivre ces étapes clés : définir les valeurs, consulter les parties prenantes, diagnostiquer les impacts, formuler des engagements SMART, rédiger clairement, valider, diffuser, suivre et actualiser.
Sources
Corporate Social Responsibility and Organizational Performance – IIARD Journals (iiardjournals.org)
Impact of CSR on Financial Performance – Academia systematic review (Academia)
Employee engagement productivity statistics – Wikipedia (Social employee) (Wikipédia)
ISO 26000 core subjects and principles – Wikipedia (Wikipédia)
Corporate Social Responsibility relationship to business objectives – MDPI Sustainability (MDPI)
Academic overview of CSR implementation – Springer systematic review (SpringerLink)
Resilience during Covid and CSR – Financial Times (SpringerLink)
Creating Shared Value concept – Wikipedia (Wikipédia)


