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Le guide complet du management RSE : méthodes, enjeux et outils

  • lesliethiercelin
  • 26 sept.
  • 6 min de lecture

1. Introduction


La Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) s’impose comme un pilier incontournable de la stratégie des organisations. En France, selon le baromètre MEDEF (2023), 83 % des salariés déclarent avoir davantage confiance dans l’avenir de leur entreprise lorsque celle-ci dispose d’une stratégie RSE claire. Au niveau européen, la directive CSRD (2024) impose à près de 50 000 entreprises de publier des informations extra-financières détaillées, rendant la RSE plus que jamais un enjeu de gouvernance.

Parler de management RSE revient à interroger la manière dont les dirigeants et managers traduisent ces engagements en actions concrètes. Ce n’est pas seulement une fonction support, mais une dimension transversale du management moderne. Cet article propose un guide complet pour comprendre les méthodes, les enjeux et les outils du management RSE, en s’appuyant sur des recherches académiques, des normes internationales et des exemples réels d’entreprises.


2. Fondements théoriques du management RSE


2.1 Définitions et évolution du concept


La RSE désigne la responsabilité d’une organisation vis-à-vis de ses impacts sociaux, environnementaux et économiques. Elle s’est progressivement déplacée d’une logique philanthropique à une approche intégrée de performance globale, où la valeur créée englobe l’ensemble des parties prenantes.


2.2 Tensions entre éthique et économie


La littérature académique souligne la tension permanente entre ordre économique et ordre moral. Une étude publiée dans Management & Avenir (Cairn, 2014) montre que la RSE, en voulant concilier des impératifs parfois contradictoires, confronte les managers à des arbitrages complexes : rentabilité vs respect des normes sociales, compétitivité vs réduction d’impact environnemental.

Le risque est double : dérive opportuniste (RSE utilisée comme simple outil marketing) ou désalignement interne (écart entre communication et pratiques).


2.3 Le rôle du leadership et de la gouvernance


Les recherches démontrent que le style de leadership influence fortement la performance RSE. Une étude sur 400 entreprises françaises (Management International, 2022) révèle que les PDG charismatiques et dotés d’une forte capacité d’influence obtiennent de meilleurs résultats en matière de RSE.

La gouvernance joue également un rôle clé : l’intégration de la RSE dans les conseils d’administration et la création de comités spécialisés favorisent la cohérence entre stratégie et mise en œuvre.


3. De la stratégie RSE aux principes directeurs


3.1 Principes de structuration


La démarche RSE repose sur des référentiels reconnus comme l’ISO 26000 ou les Objectifs de Développement Durable (ODD). Ces cadres permettent d’orienter les entreprises dans l’identification de leurs priorités sociales, environnementales et économiques, mais doivent être adaptés au contexte de chaque organisation.


3.2 Gouvernance et parties prenantes


La RSE exige un dialogue permanent avec les parties prenantes : salariés, clients, fournisseurs, actionnaires, territoires. En France, la loi Pacte (2019) encourage les entreprises à formaliser leur raison d’être et à devenir « sociétés à mission ». Des structures de taille intermédiaire, comme Biocoop ou Patagonia Europe (basée en Isère), mettent en avant des pratiques de gouvernance partagée où les coopérateurs et partenaires locaux participent activement aux décisions stratégiques.


3.3 Donner du sens à la RSE


L’adhésion des équipes dépend de la capacité des managers à donner du sens aux engagements RSE. Une étude (Management & Avenir, 2017) montre que les salariés s’engagent davantage lorsque la RSE est reliée à leur quotidien professionnel et traduite en actions concrètes. Le rôle des managers de proximité est ici déterminant.



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4. Déployer la RSE dans l’organisation


4.1 Le rôle clé des managers intermédiaires


Les managers intermédiaires jouent le rôle d’interface entre la direction et les équipes. Selon l’ANACT (2021), ils sont les premiers relais de la politique RSE sur le terrain. Chez Nature & Découvertes, par exemple, les responsables de magasin intègrent des objectifs RSE dans le management quotidien (zéro plastique, partenariats avec des associations locales).


4.2 Les compétences du manager RSE


Le manager RSE doit développer un ensemble de compétences spécifiques :

  • Capacités analytiques : comprendre les enjeux ESG et les traduire en indicateurs mesurables. Cela suppose de savoir exploiter des données complexes (bilan carbone, audits sociaux).

  • Communication : sensibiliser, convaincre et embarquer l’ensemble des collaborateurs. Les expériences de La Ruche qui dit Oui ! montrent l’importance de mobiliser des communautés internes et externes par un discours clair.

  • Travail transversal : collaborer avec les RH, la finance, la production et les achats responsables. Chez 1083, marque de jeans éthique, la transversalité est essentielle pour intégrer des pratiques durables dans la chaîne de valeur.

  • Gestion des dilemmes : arbitrer entre objectifs économiques et exigences de durabilité. Cela implique une posture de médiateur et une forte capacité à hiérarchiser les priorités.


4.3 La contribution des RH et de la GRH


La Gestion des Ressources Humaines (GRH) est un levier essentiel du management RSE. Une étude de Revue de Gestion des Ressources Humaines (2018) montre que les pratiques RH socialement responsables (formation, diversité, qualité de vie au travail) contribuent directement à la performance durable. Des entreprises comme Chèque Déjeuner (Up Group) ont intégré ces logiques dans leur modèle coopératif, en misant sur la participation et la formation continue.


4.4 Outils de pilotage et indicateurs


Le pilotage repose sur des outils tels que :

  • Matrice de matérialité : identification et hiérarchisation des enjeux prioritaires. Elle a été utilisée par Camif pour aligner ses actions avec les attentes de ses clients et fournisseurs.

  • Indicateurs ESG : émissions de CO₂, taux de diversité, accidents du travail, taux de satisfaction. Ces indicateurs sont suivis chez Lemahieu (textile français), qui publie un rapport détaillé sur ses engagements sociaux et environnementaux.

  • Reporting extra-financier : conforme aux exigences de la CSRD et de la taxonomie européenne, il est déjà pratiqué par de nombreuses ETI françaises du secteur industriel et agroalimentaire.


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5. Facteurs de succès et obstacles


5.1 Clés de réussite


Les recherches identifient plusieurs facteurs de succès :

  • Engagement sincère de la direction : le soutien visible du top management conditionne l’efficacité. Chez Armor Lux, l’implication de la direction dans la relocalisation textile a renforcé la crédibilité de la démarche.

  • Participation des parties prenantes : impliquer salariés, syndicats, clients et ONG pour co-construire la démarche. C’est le cas chez Ethiquable, coopérative de commerce équitable, qui associe producteurs, salariés et consommateurs.

  • Formation continue des managers : développer les compétences RSE et diffuser une culture durable. Plusieurs coopératives agricoles françaises, comme Terrena, investissent dans des formations régulières pour leurs managers.


5.2 Obstacles fréquents


Les obstacles à la réussite incluent :

  • Ressources limitées : particulièrement dans les PME qui manquent de moyens financiers ou humains.

  • Résistance au changement : certains managers ou collaborateurs perçoivent la RSE comme une contrainte ou une charge supplémentaire.

  • Décalage entre discours et pratiques : le greenwashing fragilise la crédibilité et génère de la défiance. L’exemple de certaines enseignes de mode dénoncées par la société civile montre les risques d’un écart trop important.


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6. Vers un management par la RSE


6.1 De la gestion de la RSE à son intégration


Le futur du management RSE repose sur son intégration dans toutes les dimensions de l’entreprise. Plutôt que de gérer la RSE comme un service isolé, il s’agit de l’utiliser comme prisme de management global, influençant la stratégie, la culture et l’innovation.


6.2 Impacts sur la culture et le leadership


Le management RSE transforme les styles de leadership. On observe un glissement vers un leadership plus collaboratif, où la co-construction avec les salariés et les parties prenantes devient la norme. Les managers de demain devront être capables d’incarner ces valeurs et de fédérer autour d’une vision durable.


7. Conclusion & perspectives

Le management RSE est devenu un levier stratégique incontournable, combinant performance économique et responsabilité sociétale. Il repose sur une gouvernance solide, un engagement sincère des dirigeants, la mobilisation des managers et des outils de pilotage robustes.

À l’avenir, la digitalisation, l’intelligence artificielle et la pression réglementaire renforceront la nécessité de rendre la RSE mesurable, transparente et intégrée dans toutes les fonctions.

🌿 Dans dix ans, le management RSE sera-t-il encore une fonction spécifique, ou aura-t-il totalement fusionné avec le management global des organisations ?



Questions fréquentes


Qu’est-ce que le management RSE ?

C’est l’intégration des principes de responsabilité sociétale dans la stratégie, la gouvernance et les pratiques managériales d’une entreprise.


Quels sont les piliers du management RSE ?

La gouvernance, le dialogue avec les parties prenantes, la performance sociale, environnementale et économique, et le pilotage par des indicateurs fiables.


Quel est le rôle d’un manager RSE ?

Traduire la stratégie RSE en actions concrètes, mobiliser les équipes, développer des pratiques durables et assurer la cohérence entre discours et réalité.


Quels outils utiliser pour piloter la RSE ?

La matrice de matérialité, les indicateurs ESG, les tableaux de bord extra-financiers et les référentiels comme l’ISO 26000.


Quels sont les obstacles au management RSE ?

Le manque de ressources, la résistance au changement et le risque de greenwashing sont les principaux freins observés dans les entreprises.


Sources


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