Emploi et biodiversité : quand les entreprises font entrer le vivant au cœur de leurs métiers
- lesliethiercelin
- 6 oct.
- 8 min de lecture
Introduction
L’emploi biodiversité n’est plus une niche écologique : il s’impose aujourd’hui comme un pilier stratégique de la transformation économique. Longtemps cantonnée aux domaines de la recherche et de la protection de la nature, la biodiversité devient désormais un enjeu professionnel majeur pour les entreprises. Le Comité national de la biodiversité (CNB) rappelait en 2025 que près de 80 % des emplois français dépendent directement des services écosystémiques : l’eau potable, la fertilité des sols, la pollinisation, la qualité de l’air ou encore la régulation du climat. Sans biodiversité, aucune économie ne peut prospérer.
Mais ce constat ne se limite plus à l’écologie : il touche la finance, l’industrie, l’agriculture, l’aménagement du territoire et même le numérique. Partout, la prise en compte du vivant devient un levier d’innovation et de résilience.Les entreprises intègrent désormais des référents biodiversité, des experts du vivant et des consultants stratégie biodiversité pour piloter leurs engagements. Ces nouveaux métiers traduisent une évolution de fond : comprendre et gérer les dépendances écologiques est désormais une compétence aussi essentielle que la gestion du risque ou la performance énergétique.
Dans ce contexte, l’économie s’ouvre à une nouvelle ère : celle où le vivant devient une ressource stratégique, au même titre que le capital ou l’énergie. De la réduction des impacts à la régénération des écosystèmes, c’est tout un modèle de société qui se réinvente.
🌱 Le mot de Happea
Gratuits mais essentiels, les services écosystémiques comme l’eau potable, la fertilité des sols ou la biodiversité soutiennent toute notre économie. 🌍
Et si on commençait enfin à leur donner la valeur qu’ils méritent ? 💡

1. La biodiversité, socle de nos économies et de nos emplois
1.1. Une dépendance structurelle entre nature et production humaine
La biodiversité est bien plus qu’un décor naturel : c’est une infrastructure invisible qui permet à nos sociétés de fonctionner. Sans pollinisation, pas d’agriculture ; sans océans vivants, pas de régulation climatique ; sans sols fertiles, pas d’industrie agroalimentaire.
Selon une étude de la Banque Centrale Européenne (2024), 72 % des entreprises européennes non financières dépendent directement de services écosystémiques. L’économie mondiale repose donc sur une nature en bonne santé, dont les fonctions écologiques assurent la stabilité de nos emplois.
Le modèle du “wedding cake” proposé par le Stockholm Resilience Centre illustre parfaitement ce lien : la biodiversité forme la base sur laquelle reposent tous les Objectifs de Développement Durable (ODD). Les activités économiques et sociales ne peuvent exister qu’à l’intérieur des limites planétaires. Autrement dit, la prospérité dépend d’écosystèmes vivants et fonctionnels, et non l’inverse.

Cette approche systémique commence à s’imposer dans les stratégies d’entreprise : on ne parle plus seulement de “réduire son empreinte”, mais de préserver son capital naturel. Les entreprises qui ignorent cette réalité s’exposent à des ruptures d’approvisionnement, à des risques juridiques et à des pertes de compétitivité.
1.2. De la prise de conscience à la double matérialité
La notion de double matérialité, introduite par la directive CSRD, change profondément la donne : une entreprise doit désormais rendre compte à la fois de l’impact de ses activités sur la nature, et des risques que la dégradation du vivant fait peser sur son activité.
Ce changement de perspective pousse les dirigeants à identifier leurs dépendances écologiques et à agir bien en amont dans la chaîne de valeur. De grands groupes, mais aussi des PME, commencent à s’outiller : indicateurs de biodiversité, bilans de dépendance, évaluations des impacts indirects. Ces démarches ne relèvent plus de la communication, mais du pilotage stratégique.
2. Entreprises et biodiversité : intégrer la nature à la chaîne de valeur
2.1. Des risques tangibles aux opportunités de transformation
La biodiversité devient un indicateur de santé économique. Lorsque la ressource naturelle s’épuise, c’est toute la chaîne de production qui vacille. Dans le bâtiment, la raréfaction du sable ; dans l’agriculture, la perte d’insectes pollinisateurs ; dans la cosmétique, la disparition de plantes actives…
Mais cette contrainte peut aussi devenir un formidable moteur d’innovation.
L’UICN France illustre cela à travers l’exemple de la filière de l’aluminium : des pratiques d’extraction plus durables, la restauration des milieux miniers et des partenariats locaux permettent non seulement de réduire les impacts, mais aussi de renforcer la compétitivité.
En intégrant la biodiversité à chaque maillon de la chaîne de valeur, les entreprises créent de nouveaux marchés : ingénierie écologique, économie circulaire, agriculture régénérative, écoconception.
Les leviers les plus efficaces reposent sur trois axes :
🌱 Réduire l’empreinte écologique en réinventant les modèles productifs ;
🔄 Allonger la durée de vie des produits et favoriser la circularité ;
🤝 Créer des coopérations territoriales pour restaurer les écosystèmes locaux.
2.2. Intégrer la biodiversité à chaque étape du cycle de vie
Le rapport du CNB (2025) appelle à intégrer la biodiversité dès la conception des modèles économiques : dans les incubateurs, les appels à projets et les mécanismes de financement.
C’est là qu’intervient le consultant stratégie biodiversité : ce profil aide les entreprises à identifier leurs dépendances, à évaluer leurs risques et à construire un plan d’action cohérent. Les collectivités locales et chambres de commerce jouent aussi un rôle clé, en soutenant des programmes tels que Entreprises engagées pour la nature ou les fonds territoriaux de restauration écologique.
Ces dispositifs favorisent la mise en réseau d’acteurs et l’émergence d’un tissu économique “nature positive”.

3. Les nouveaux métiers de la biodiversité : des profils en forte demande
3.1. L’essor des métiers spécialisés
Les métiers liés au vivant connaissent une croissance rapide. D’après les données d’Emploi-Environnement, les offres pour des postes d’ingénieur écologue, de référent biodiversité ou d’expert biodiversité ont doublé en trois ans.
L’ingénieur écologue conçoit et suit les projets de restauration des milieux naturels, en conciliant développement et respect du vivant.
Le référent biodiversité agit comme chef d’orchestre interne : il coordonne les services (RSE, RH, production) et suit les actions.
L’expert biodiversité réalise des analyses de dépendances et propose des solutions d’atténuation.
Le consultant biodiversité accompagne les directions dans le reporting, la stratégie et la transformation organisationnelle.
Ces rôles, essentiels à la transition écologique, se situent au croisement de la science, de la gouvernance et de l’innovation sociale. Ils incarnent un mouvement de fond : faire entrer le vivant dans la décision économique.
3.2. Former et reconvertir pour accompagner la transition
Face à cette demande, les formations se multiplient. Universités, grandes écoles et organismes professionnels développent des cursus hybrides : écologie appliquée, ingénierie environnementale, finance durable, design régénératif…
Des programmes comme le MOOC Entreprises et biodiversité (LPO, MEDEF, OFB) permettent aussi d’initier les dirigeants à ces enjeux.
Le CNB 2025 recommande d’intégrer la biodiversité dans les référentiels du RNCP et d’en faire une compétence transversale dans tous les métiers. Car demain, le responsable achat, le manager ou l’ingénieur logistique devront tous comprendre les interactions entre leur activité et le vivant.
Pourquoi les entreprises ont-elles besoin d’experts du vivant ?
Parce que ces profils assurent la durabilité même des modèles économiques. Les écologues et consultants biodiversité deviennent des partenaires stratégiques pour sécuriser l’avenir des entreprises. Et à mesure que la réglementation s’affine, leur rôle s’étendra à tous les secteurs.
4. Réduire les impacts : leviers et bonnes pratiques en entreprise
4.1. De l’écoconception à la sobriété foncière
Réduire les pressions sur le vivant commence par la séquence “Éviter – Réduire – Compenser” (ERC). De plus en plus d’entreprises s’approprient cette logique : concevoir autrement, consommer moins, restaurer mieux. Dans le BTP, cela se traduit par la renaturation des zones d’emprise ; dans l’agroalimentaire, par la réduction des intrants chimiques et le recours aux labels “Végétal local” ; dans la logistique, par la mutualisation des transports et entrepôts.
Des outils concrets émergent, comme ACT Biodiversité (ADEME), les certificats biodiversité ou les plans de compensation écologique. Ces approches permettent de valoriser les actions dans les rapports RSE et de démontrer la contribution réelle à la neutralité écologique.
4.2. Gouvernance et pilotage : faire de la biodiversité un levier stratégique
La préservation du vivant devient un sujet de gouvernance. Certaines entreprises intègrent des indicateurs biodiversité dans les rémunérations variables des dirigeants. D’autres créent des comités biodiversité au sein de leur conseil d’administration. Les référents biodiversité jouent ici un rôle clé : formation interne, suivi des actions, sensibilisation des équipes.
L’essor de la comptabilité écologique et des bilans de dépendance renforce cette dynamique : en chiffrant la valeur des services naturels, l’entreprise prend conscience de son capital naturel et oriente ses investissements plus durablement.
5. Vers des entreprises régénératives : créer un impact positif sur le vivant
5.1. Coopérer avec les territoires pour restaurer la nature
Le futur de la biodiversité s’écrira sur les territoires. Les entreprises ne peuvent plus agir seules : elles doivent s’allier avec les collectivités, les associations locales et les citoyens.
Des programmes tels que “Entreprises engagées pour la nature” ou le Lab Transition Nature (WWF, OFB) soutiennent déjà des centaines d’initiatives de restauration écologique.
Certains acteurs montrent la voie :
Des carriers restaurent d’anciennes zones d’extraction en milieux humides ;
Des entreprises du BTP renaturent leurs friches ;
Des zones industrielles accueillent désormais ruchers, haies ou prairies fleuries.
Ces initiatives locales favorisent aussi la cohésion territoriale et la fierté d’appartenance des salariés.
5.2. De la neutralité à la régénération
Aller au-delà de la neutralité, c’est s’engager dans une logique régénérative : restaurer la nature au-delà des impacts produits. Cela peut passer par des solutions fondées sur la nature (SfN), des fonds de restauration ou des crédits biodiversité certifiés. Pour les entreprises, c’est une façon de transformer la contrainte réglementaire en opportunité d’innovation et d’image positive. La SNB 2030 encourage cette approche de long terme : bâtir des modèles économiques capables de recréer du vivant.
Conclusion
La biodiversité n’est plus un supplément d’âme : c’est un enjeu de compétitivité, de stabilité et de résilience collective. Elle irrigue désormais tous les métiers, du terrain à la direction, et redonne du sens au travail quotidien. Les référents biodiversité, ingénieurs écologues et consultants stratégie biodiversité incarnent cette transformation silencieuse, mais profonde, où la nature redevient un partenaire stratégique.
Mais la transition ne se fera pas seule : elle suppose de former, fédérer et inspirer. Former d’abord, car sans connaissance du vivant, impossible d’agir efficacement. Les entreprises doivent multiplier les formations et intégrer la biodiversité dans toutes les disciplines, du management à la production.
Fédérer ensuite, car la biodiversité est une affaire collective. La réussite passera par la coopération entre entreprises, collectivités, associations et citoyens, dans une logique territoriale partagée. Les initiatives locales – plantations, corridors écologiques, projets de restauration – deviennent autant de leviers pour renforcer le tissu social et économique.
Enfin, inspirer : car aucune transformation durable ne naît de la contrainte. C’est en redonnant du sens au travail, en cultivant la fierté d’agir pour le vivant, que les organisations créeront un véritable élan culturel.
Les entreprises qui réussiront ne seront pas seulement celles qui réduisent leurs impacts, mais celles qui régénèrent la nature autour d’elles, qui mobilisent leurs collaborateurs et qui valorisent leurs engagements dans une logique de long terme.
Ces acteurs montreront qu’il est possible d’allier performance, coopération et respect du vivant — non pas en marge de l’économie, mais en son cœur.
Car restaurer la biodiversité, c’est aussi restaurer notre capacité à coopérer, à innover et à espérer.
🌍 Et vous, votre entreprise a-t-elle déjà trouvé sa place dans la symphonie du vivant ?
Questions fréquentes
1. Qu’est-ce qu’un emploi lié à la biodiversité ?
C’est un métier contribuant à la connaissance, la préservation ou la restauration des écosystèmes, que ce soit dans la recherche, l’ingénierie, la formation ou la stratégie.
2. Quels sont les métiers les plus recherchés dans la biodiversité ?
Ingénieur écologue, expert biodiversité, consultant stratégie biodiversité, chargé d’études environnementales, ou référent biodiversité en entreprise.
3. Comment devenir consultant biodiversité ?
Une formation en écologie ou en RSE, complétée par des compétences en reporting, gouvernance et accompagnement du changement, est recommandée.
4. Quelle formation suivre pour travailler dans la biodiversité ?
Masters spécialisés, écoles d’ingénieurs en environnement, ou formations continues (SBTn, TNFD, CSRD, écoconception).
5. Comment une entreprise peut-elle contribuer à la régénération du vivant ?
En intégrant la biodiversité à sa gouvernance, en soutenant des projets territoriaux et en mobilisant ses collaborateurs via des parcours d’action comme ceux proposés par Peas’Up.